Hypnothérapie
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Si la métaphore m’était contée. La magie du « comme si» dans l’hypnothérapie du possible




L’hypnose, utilisée aujourd’hui en tant que pratique médicale et état psychologique habituel de l’individu, s’écarte de la croyance en la magie, et surtout de la pensée magique, comme toute puissance sur le réel. Elle est devenue objet d’études. La psychanalyse, la psychologie sociale, la physiologie (grâce à l’imagerie médicale) nous donnent des éclairages qui confirment cet éloignement.

S’il y a encore confusion dans l’esprit des gens, c’est parce que l’hypnose en tant qu’outil de soins traite la pensée magique, puisque la pensée magique s’avère être l’expression du fonctionnement de l’imaginaire, et si l’on pense que les difficultés psychologiques sont attribuées pour l’essentiel à ce que l’imaginaire fait du réel.

La pensée magique renvoie à la croyance, croyance individuelle et collective. La croyance s’inscrit dans les processus primaires de la pensée comme le rêve, c’est un phénomène de l’imagination. L’imagination dans le développement de l’enfant est première, la raison et la réflexion, décrites comme processus secondaires, viennent en second. Certains auteurs pensent que c’est une des raisons qui expliquent que l’imagination est difficilement traitable par le raisonnement. On pourrait partir de la psychogenèse de ce type : sensations, sensations/émotions, imagination, et raisonnement.

Les deux compréhensions du monde. La construction du monde
Watzlawick, dans Le langage du changement, explique que nous avons deux compréhensions du monde : - l’une est logique, intellectuelle, analytique, c’est le langage de la science, de l’explication de l’interprétation ; - l’autre fait résonner en nous d’autres niveaux d’expériences, c’est le monde des représentations, des émotions, des images. Pour C. Lévi-Strauss, « la pensée magique n’est pas un début, un commencement, une ébauche, la partie d’un tout non encore réalisé ; elle forme un système bien articulé ; indépendant, sous ce rapport, de cet autre système que constituera la science, sauf l’analogie formelle qui les rapproche et qui fait du premier une sorte d’expression métaphorique du second ».

Ces deux compréhensions du monde ne s’opposent pas, elles constituent notre façon de penser. Et nous ne cessons de passer de l’une à l’autre : de la rêverie à la réflexion attentive. On peut même dire que l’une et l’autre contribuent de façon différente à notre expérience de la vie. Et nous vivons l’unité de notre pensée dans la dualité de son fonctionnement, avec des niveaux variables qui permettent les communications du monde imaginaire avec celui de la réflexion. A partir de là, ils peuvent ou bien coopérer, ou bien se disputer le contrôle de la pensée, des émotions et du comportement.

Nous ne cesserons jamais sans doute de nous étonner de vivre deux existences parallèles, mêlées l’une à l’autre, mais entre lesquelles nous n’arrivons pas à instaurer toujours une parfaite concordance.

Chez l’individu, comme chez les peuples, l’irrationnel, l’inaccessible à la raison naît des périodes d’incertitude, de déstabilisation, ou comme première explication du monde. Chez l’individu, ces périodes sont des moments de crise (deuil, séparation, conflit), changement de cycle de vie (enfance, adolescence, devenir parent à son tour, vieillesse), maladies, etc.

La pensée magique
Ces périodes sont propices à un fonctionnement analogique, souvent délétère. Ces moments difficiles peuvent amener la personne à réassocier son mal-être actuel à des croyances anciennes : sentiment d’abandon, de rejet, incompétences, jugements négatifs sur soi. Ces moments de chaos sans points de repère sont propices à des tentatives d’explication magique. C’est très souvent à ces moments-là que fonctionne la pensée magique. La pensée magique est saturée de causalité, elle est dans l’obligation de tout expliquer sous l’effet de l’angoisse.

Le vécu dramatique de la mort d’un enfant in utero illustre bien cela, cette prédominance de cette fonction de l’imaginaire qu’est la pensée magique : l’explication médicale, même si elle permet de contenir les pensées de culpabilité, n’empêchera pas certaines femmes à rechercher des raisons qui ne seront que des « chimères » les maltraitant : elles se sentiront toujours coupables de n’avoir pas su protéger cet enfant.

Et nous ne pouvons combattre cette morbidité imaginaire, ces croyances pathogènes par notre raisonnement, notre logique. Les résultats sont médiocres. Il semble préférable, en pratiquant l’hypnose, d’utiliser les processus imaginaires associés à la pensée magique, voire à la pensée religieuse que l’on retrouve dans toutes les cultures, équivalent de la pensée prélogique, dominante chez l’enfant et jamais disparu chez l’adulte malgré le développement du raisonnement et de la logique.

Dans une approche hypnotique, la resacralisation d’un sanctuaire, par analogie, permet d’aider une femme blessée et salie dans son corps après un viol. Cela lui permet de cesser ce rituel réel des douches, tous les jours, qui se révèle impuissant à rendre propre le corps des souillures du monstre. Le pardon des parents maltraitants par les enfants maltraités venant après la pénitence est un emprunt à la religion.

La pensée magique renvoie au fonctionnement figuratif, au monde des images. Elle est la matérialisation du fonctionnement analogique. Elle se fond sur l’existence de rapports de correspondance. Après avoir constaté ou établi que deux notions ou réalités se ressemblent, des conclusions sont tirées, avec force de loi dans certaines pratiques.

Pour celui qui considère que tout est lié, que le semblable peut agir sur le semblable, il est possible d’intervenir sur n’importe quel élément à partir d’un autre élément analogue : «L’image est ce mélange de métaphore, de comparaison, d’analogie, bref de décrochage d’une langue commune vers une parole plus individuelle qui traverse les données du réel pour faire apparaître des correspondances jusque-là cachées, voire inconnues. Faire une image revient à préférer le figuré au littéral ; à déplacer et à défaire les lignes de la représentation concrète ; en un mot, à inaugurer une liaison neuve, à travers la parole, entre soi et le monde. »

La réification en hypnose en est l’exemple type. Par la réification, le patient peut transformer une douleur, une maladie, une angoisse, en un objet dont il va prendre la maîtrise, et ainsi modifier ses perceptions et délaisser son incapacité à agir. Il n’est plus la victime impuissante de sa douleur : il réagit, il prend le contrôle de ce qu’il pensait incontrôlable.

Les approches hypnotiques indirectes (la métaphore, le conte, d’autres histoires de vie) et les suggestions composées utilisent ces deux principes. Cependant, quand ces deux principes expliquent le blocage de la personne dans sa vie, le « comme si » se révélera efficace.

La faculté d’imaginer
La pensée magique comme expression de l’imagination est une première tentative d’organisation des représentations du monde, de nos objets internes et externes, organisation fluctuante perpétuellement en remaniement.

La pensée magique et nos croyances ne peuvent se comprendre qu’à partir de la faculté d’imaginer. La pensée magique, c’est le monde des images, de l’imaginaire. Et pour favoriser cette pensée magique mais là, pour libérer le patient des symptômes qui l’agissent, rien de tel que l’utilisation de l’hypnose qui est un déclencheur de l’imagination, un moyen naturel d’utiliser son esprit, une façon de penser qui est plus une rêverie dirigée qu’un raisonnement.

L’hypnose, c’est ce passage d’une perception externe et d’une participation à la réalité extérieure, à une perception interne et à une activité imaginaire et subjective.

Dans l’ontogenèse, elle précède la raison, elle se construit dans l’enfance. Entre 2 ans à 7 ans, c’est l’époque de la pensée symbolique où se développent l’imitation, la représentation, la réalisation d’actes fictifs. Un objet peut devenir le substitut, le représentant d’un autre objet. Ainsi, lors d’un jeu, une pierre deviendra un oreiller, ou une table... Les jeux symboliques sont des moyens d’adaptation intellectuelle et affective de l’enfant à son monde environnant. La pensée magique structure la perception de l’environnement des jeunes enfants, ce processus mental coexiste avec la pensée rationnelle à l’âge adulte.

Pour comprendre cela, parlons de cette faculté qu’est l’imagination. L’imagination c’est à la fois l’image et l’imaginaire. Image et imaginaire constituent les deux pôles de l’imagination. Idéalement au moins, l’image correspond à la fonction de reproduction du réel. L’image est liée à la mémoire des sens. L’image, la perception (intégration consciente d’impressions sensorielles d’objets ou d’événements externes) et la mémoire (évocation mentale d’expériences antérieures) sont par essence des procédés mentaux proches, en particulier lorsqu’elles traitent d’images sensorielles.

L’imagination n’est peut-être pas, comme le suggère l’étymologie, la faculté de former des images de la réalité ; elle est en plus la faculté de former des images qui dépassent la réalité, qui changent la réalité. L’imaginaire renvoie à l’imagination créatrice.

Reprenons la pensée de Bachelard4 dans L’air et les songes : « On veut toujours que l’imagination soit la faculté de former des images. Or, elle est plutôt la faculté de déformer les images fournies par la perception, elle est surtout la faculté de nous libérer des images premières, de changer les images.

La valeur d’une image se mesure à l’étendue de son auréole imaginaire. Grâce à l’imaginaire, l’imagination est essentiellement ouverte, évasive. Elle est dans le psychisme humain l’expérience même de l’ouverture, l’expérience même de la nouveauté. Plus que toute autre puissance, elle spécifie le psychisme humain. »

Cependant, l’imagination n’est pas angélique. Charles Brisset, psychiatre dans une conférence sur « pensée magique, pensée scientifique », décrivait l’imaginaire collectif et individuel comme un arsenal fabuleux des rêves, des mythes, des inspirations et des aspirations créatrices et destructrices, sources des merveilles et des horreurs de la pensée par images.

On pourrait dire que chez certains de nos sujets, l’imagination est bloquée soit au niveau de l’image reproduction plus ou moins exacte de ce qui s’est passé et a été retenu, soit l’imagination est bloquée sur un imaginaire déstabilisant et la personne ne peut se défaire de cette création morbide. Selon Wunenburger5, «communément les représentations de l’imagination sont caractérisées par leurs fortes charges d’affectivité, qui nous dépossèdent de notre maîtrise et de notre liberté et nous rendent complices de la fausseté, du mensonge et d’illusions ». En fin de compte, tout serait faute de la fonction «imagination », couplée à l’émotion engendrée dans ses deux polarités : la reproduction de la réalité et le travail sur la réalité.

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- Hypnose et Thérapies Brèves. Leçon d’humilité…
Histoire courte, conte, légende universelle, tableau de maître, ou simple image, la métaphore existe depuis la nuit des temps et inspire notre vie quotidienne. 
- De la métaphore dans la maladie et le soin. Yves HALFON «En matière de métaphore, les apparences sont tout, sauf trompeuses.» 
- Métaphores sur Grand Ecran : utilisation des films en thérapie narrative avec les toxicomanes
- Le poète, le patient et l’hypnothérapeute
 - Les métaphores: Définitions. La métaphore, du grecμεταφορα (« metaphorá »= transport), est une figure de style fondée sur l’analogie. Un terme est substitué à un autre, issu d’un champ lexical différent, parce qu’il lui ressemble ou partage avec celui-ci une qualité essentielle. 
- L’heure du changement: Deux images métaphoriques me servent « d’accroche » quand les patients les remarquent dans mon cabinet de consultations.
- L’enchantement hypnotique des métaphores. Joyce C. MILLS, Ph.D.
- Fier d’être « un pot fêlé ». Il y a bien longtemps, un soignant m’envoya ce conte hindou. Je ne me souviens plus du nom du soignant... 
- La métaphore, une communication intersubjective directe 
- Henri le Hérisson. Céline BENHARROCH LEININGER
- Création et utilisation de contes métaphoriques en hypnose
- Les histoires de grand-père. Marco KLOP 
- Le nez fin. Camille ROCHE-DJEFFEL
- La réification. Yves HALFON
- L’énigme de la Perle Noire. Métaphore de la rencontre du « Comte de Brosseau » Ou une métaphore qui en cache une autre.

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Par Yves HALFON - Professeur à l’ Ecole de Sages-femmes de Rouen. Psychologue clinicien. Président de l’Institut Milton H. Erickson de Normandie. Président de l’Association Francophone d’Hypnose Dentaire.
Yves HALFON et Laurent GROSS
Yves HALFON et Laurent GROSS



Rédigé le 09/09/2018 à 23:39 | Lu 3176 fois | 0 commentaire(s) modifié le 10/09/2018





Laurent GROSS
- Formateur en Hypnose Médicale, Ericksonienne et EMDR - IMO au CHTIP Collège Hypnose Thérapies... En savoir plus sur cet auteur

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